J’ai choisi aujourd’hui de vous parler des angoisses. Ce mécanisme qui nous est familier à tous, et qui peut aller de la « simple » boule au ventre, à un véritable raz de marée prenant toute la place, à la sensation que le corps va littéralement s’arrêter de fonctionner, que l’air ne passe plus, que le cœur va s’arrêter, etc…
Qu’est ce que les angoisses ? quels mécanismes physiques sont en jeu à ce moment-là ? et quels mécanismes psychiques ? Comment les sentir arriver et comment les enrayer ? Passer du « CONTRÔLE » qui protège celui qui étouffe, et de la peur d’être emporté par la tempête à la confiance du capitaine qui connait la route, c’est ce que je vous invite à découvrir dans ce nouvel article.
A mon sens, les angoisses sont une réponse de notre corps à une sensation de danger. Comprenez moi, bien souvent l’angoisse ne répond pas à un danger réel mais à la sensation que l’on arrive en « zone de danger ». Très souvent associée à la perte de contrôle, l’angoisse survient lorsque nous avons la sensation de « ne plus maitriser » le cours des choses.
Lorsque l’individu se construit, il va vivre X évènements à différents stades de sa vie et ainsi « paramétrer » ses différents systèmes de fonctionnement, psychiques, émotionnels, affectifs, sensoriels, etc… afin de se créer une « carte » inconsciente lui permettant d’appréhender le monde en sécurité. Dans son exemple le plus binaire : « je touche le feu, ça brule, je ne toucherai plus le feu »
Sur des niveaux plus subtils, cet apprentissage au niveau émotionnel va nécessiter beaucoup de sécurité. En fonction de ce que vit l’individu en se construisant, il va chercher une stabilité notamment émotionnelle qui, si elle n’existe pas chez les adultes référents, va devoir être assuré par l’individu en lui-même. Par stabilité émotionnelle, j’entends ici la capacité à être en lien avec les émotions vécues, en lien avec les aléas que provoquent tous les évènements de la vie, afin de les inclure à « l’équation à résoudre », et ainsi apprendre que :
« quoi que je vive, quelles que soient les émotions traversées, j’ai les capacités de l’accueillir et ne pas me laisser emporter »
Quand les émotions vécues sont trop fortes, mal accompagnées, honnies, bafouées, négligées, enterrées, le corps va mettre en place la seule réponse possible qui va le sécuriser : LE CONTRÔLE.
En arrivant à mettre du contrôle sur ce qu’on vit, cela va nous donner la sensation que tout est maîtrisé, la sensation d’un barrage qui nous permet de ne plus être soumis aux aléas du fleuve de la vie avec ses crues parfois violentes, comme quelque chose de sécurisant qui dépend uniquement de NOUS. Cette illusion ne dure pas, et même si elle peut être efficace le temps de traverser certains évènements, en avançant sur le chemin, cette façon d’appréhender le monde devient vite un handicap, surtout si le mécanisme demeure inconscient.
Le contrôle est une illusion dans ce grand mouvement qu’est la vie. A l’image de la météo, nous avons beau espérer qu’il fera beau, si un orage éclate je serais complètement impuissant. C’est ce qui se passe avec les angoisses, lorsque quelque chose échappe à mon contrôle, c’est comme une sensation de fissure intérieur, comme si ça mettait le doigt sur l’énorme vérité qui a été mise de côté, et qui vient toucher toutes les « incertitudes et impuissances » qui ont été mises de l’autre côté du barrage. Quand ces fissures deviennent trop grandes, le barrage trop fragile, le moindre débordement entraine automatiquement une grosse vague, une montée d’angoisses pouvant être très forte, une sorte de surverse du système nerveux que le corps ne peux pas traiter et qui le submerge…
Au niveau physiologique, l'angoisse est le résultat d'une dérégulation complexe du système nerveux, où les circuits cérébraux impliqués dans la détection et la réponse aux menaces sont hyperactifs, et où les systèmes de régulation et de calme ne parviennent pas à ramener l'équilibre.
L’état d’angoisse nécessite une énergie incroyable, tant dans les crises que dans l’état de base de contrôle que le corps essaye de maintenir. Et si plutôt que de « lutter contre » nous apprenions à « aller avec ? »
Ce truc complètement fou qui consistera à dynamiter le barrage et se laisser nager dans le sens du courant, suivant ce flot impétueux et trop longtemps retenu, comme une descente en raft, si je rame dans le sens du courant je peux le traverser… si je me laisser faire, ou reste face à la vague qui vient me prendre, j’ai de grandes chances de me faire secouer dans tous les sens et me noyer…
Bien évidement on ne transforme pas une vie en un saut dans le vide. Surtout au vu des mécanismes de mise en sécurité impliqués dans les angoisses, cela demande un accompagnement très ciblé, et très aménagé. Traiter les angoisses consiste à ramener un maximum de sécurité et de réalité dans ce que vit la personne. Revalider physiquement que l’insécurité que mon corps m’exprime n’existe pas à cet instant T. Valider par « l’ICI et MAINTENANT » que je n’ai rien à craindre, que je ne risque pas d’être emporté ou anéanti, etc… C’est un véritable travail de recalibrage du système nerveux qui commence et qui permettra à l’individu de redevenir entièrement ACTEUR de son histoire, même sans en connaitre les tenants et aboutissants, retrouver la joie de s’engager dans sa propre descente, toujours sans la garantie de comment va être cette descente, mais en en s’appuyant sur la plus grande sécurité qui soit : ses propres capacités à traverser quel que soit la configuration, la descente, l’intensité, l’évènement…
Retrouver ses pleins pouvoirs, et mettre toute son énergie au service de ce capitaine intérieur qui n’a pas peur d’y aller, car même s’il ne connait pas la prochaine tempête qui arrive, il connait ses capacités à réagir dans la tempête et y faire face.
Pour ce qui est du comment faire ? les routes sont nombreuses et les outils multiples aujourd’hui pour accompagner les phénomènes d’angoisses. En en citant à la pelle des techniques de régulation passant par le souffle sont primordiales, telles que la cohérence cardiaque, la respiration consciente, certains pranayamas, etc…On citera également les approches corporelles permettant de ramener l’attention au corps, et sortir du cortex pré-frontal et de l’amygdale qui nous maintiennent dans des états de « projection hypothétique », telles que la danse, le chant, le Taping, Shaking, etc…
De manière plus profonde, les états d’angoisses nécessitent une approche un peu plus poussée afin de travailler en profondeur sur la construction de l’individu, de son système nerveux et sa façon d’appréhender le monde. Là encore les approches sont nombreuses, et chacun(e) trouvera ce qui lui correspond. Pour n’en citer que quelques unes mais l’emdr et l’hypnose peuvent être des portes intéressantes.
De mon côté, j’aime l’aborder à travers différents outils psycho-corporels, au travers des séances individuelles, ou des journées constellations familiales, des stages ou ateliers qui permettent un vrai + dans le voyage. La régulation du corps est décuplée quand elle se fait en lien avec d’autres, et permet une véritable transformation lorsque on se permet du temps et de l’espace pour laisser nos problématiques émerger, et véritablement en prendre soin et les accompagner.
Pour celles et ceux que ça intéressent je vous laisserai checker la rubrique AGENDA ou vous trouverez, je l’espère, la formule qui vous conviendra pour l’aborder. Je reste bien sûr a disposition pour celles et ceux qui auraient des questions sur le sujet !
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